dimanche 25 mars 2012

A kaleidoscope of nothingness... L'Interlope

A kaleidoscope of nothingness

 (graphisme affiche; Julien Métille)

Du 30 mars au 28 avril 2012

L’INTERLOPE
Evole 39A
Neuchâtel

Vernissage : 30 mars 2012
 20h-22h
Lecture et musique
Dejan et Spieli

Finissage : 28 avril 2012
 20h-00h
Lo-fi Spoken music
CLINICAL PATH

Au plaisir, keep rockin’
www.interlope.ch
www.case-a-chocs.ch/

vendredi 23 mars 2012

José Samarago - "L'aveuglement"

« Va, tu es libre, lui dit-on de nouveau, et il ne bouge pas, il reste immobile au milieu de la rue, lui et tous les autres, ils sont effrayés, ils ne savent pas où aller, et c’est parce qu’il n’y a aucune comparaison entre vivre dans un labyrinthe rationnel comme l’est pas définition un hospice de fous et s’aventurer sans la main d’un guide ou sans laisse de chien dans le labyrinthe dément de la ville où la mémoire ne sera d’aucuns secours puisqu’elle sera tout juste capable de montrer l’image des lieux et non le chemin pour y parvenir. »[1]
José Samarago
L’aveuglement

L’auteur imagine une société subitement atteinte de cécité. Remise en question de toutes les choses prises pour tangibles auparavant. La perception visuelle ôtée, l’anarchie s’installe. Mise en quarantaine des malades dans un asile désaffecté, de plus en plus d’aveugles car l’épidémie s’est étendue…
Tout est parti d’un mec qui devient aveugle au volant. On l’amène chez l’ophtalmologue, tous les gens qu’il croise perdent rapidement la vue… Dans ce chaos, la femme du médecin conserve la vue en devenant le témoin inutile de ce désordre, endossant le rôle du guide/martyr vis-à-vis de la masse… En étant la seule personne qui voit, elle se doit d’aider, de guider les autres, tout en étant obligé de mentir sur sa situation. L’auteur décrit l’horreur de l’enfermement et les transferts qui s’y installent, les rapports sociaux qui mutent en s’inversant… Des rapports sexuels bestiaux et détaché de l’idée du beau, de l’âge… de la perception quoi ! La femme du médecin regarde avec découragement son mari baiser sauvagement avec une autre, mais sans l’en empêcher pour autant. Si on ne voit pas, si on ne croit pas, pas de couple, pas de morale, pas de religion possible… Sans l’œil pas de croix, pas de pays, pas de drapeaux ! Pas d’art non lus ceci-dit… Tout se bouleverse et se translate. Dans l’asile, certains aveugles s’octroient de la nourriture et usent dès lors ce nouveau pouvoir… tout dégénère… viol, meurtres, panique, morts en tout genre… mais toujours pour les mêmes causes : la propriété et la domination…
Une fois l’épidémie installée dans la société entière, ceux qui sont enfermés se rendent compte que plus personne n’est malade ou que tout le monde l’est, que la norme s’est inversée, que la société est aveugle. Dès lors la deuxième partie du roman décrit une société nomade. Une masse errante qui développe l’odorat et le toucher, dont les individus ne retrouvent jamais l’endroit où ils ont dormis le soir précédent… alors que la femme du médecin voit toujours, enfermée dans sa solitude, car à quoi ça sert si on ne peut rien partager ?
 L’aveuglement est une parabole magistrale et terrifiante de notre société, comme tous les romans de Samarago ; que se passe-t-il si plus personnes ne meurt, si tout le monde vote blanc ou si personne ne voit plus rien. Au-delà du style de Samarago, précis, érudit, perturbant, narrateur tantôt présent, tantôt absent. Comme si le narrateur voyait tout en étant aveugle. Samarago nous questionne sur la stabilité du monde ou plutôt de ce que l’on pourrait croire stable… le lien entre le croire et le voir… entre le voir et le tenir pour vrai…



[1] La citation émane de l’édition française du livre de Samarago parue aux éditions du Seuil

mardi 13 mars 2012

pensées floues après la lecture d'un Bukowski inédit...

Charles Bukowski
« SHAKESPEARE N’A JAMAIS FAIT ÇA »
13eNote Éditions

« Qu’on pense aux millions de gens qui vivent ensemble à contre-cœur, qui détestent leur boulot mais craignent de le perdre, pas étonnant qu’ils aient des tronches pareilles. Il est presque impossible de contempler une physionomie ordinaire sans devoir détourner les yeux vers autre chose, une orange, un caillou, une bouteille de térébenthine, le cul d’un chien (…) Je n’aime pas ma propre tronche, je déteste les miroirs ; on s’est égarés il y a très longtemps de ça et on ne retrouve plus notre chemin. Quelle merde, hein, mon frère, que notre merde ait meilleure mine que nous. »
Charles Bukowski – Shakespeare n’a jamais fait ça (p. 173-174)[1]

Chaque fois que je m’apprête à faire une connerie, que j’ai envie de picoler ou de ne pas aller au boulot, à chaque fois que je suis sensé payer une facture ou que je reçois une menace de coupure d’électricité, je me dis ; qu’est-ce que Bukowski aurait fait ? Alors je me bourre la gueule et je ne paye pas la facture, alors j’envoie chier l’entreprise d’électricité. Y’en aura bientôt plus de toute façon… ni argent, ni électricité, ni rien… il restera bien un peu de picole ici ou là et cet inédit de Bukowski.
Alors que le monde part en vrille et que la stabilité n’a jamais semblé si précaire, il y a ce livre enfin et superbement traduit. Un récit de voyage sur le vieux continent, un album photo souvenir. Pour ne pas oublier d’où l’on vient, pour ne pas oublier ce que l’on fuit… écrire comme un malade, écrire sur les malades; l'écriture comme réponse au mal incurable qui ronge notre société...

-          « Quel message je veux faire passer dans mes écrits ? Ben, c’est sensé donner la gaule aux curés… L’Allemagne ? J’y connais rien… Quoi ? Oh, j’aime bien Céline, Kurt Hamsun. Hemingway ? Eh bien, il savait écrire, mais ne savait pas se marrer… Non,  j’ai rien de spécial à dire…»
Charles Bukowski – Shakespeare n’a jamais fait ça (p. 94-95)

Entre les pages incisives du grand écrivain, les photographies enfumées de Michael Montfort fonctionnent comme le négatif de la grammaire. Des photographies ivres ! Bukowski devant la cathédrale de Cologne par exemple… la présence du poète qui éclipse l’édifice religieux…
Mais Dieu est mort et Bukowski s’en fout… il fume une clope en attendant son prochain verre.



[1] Les citations de ce livre émanent de son édition française, parue le 7 mars 2012 chez 13eNote Editions

lundi 12 mars 2012

CLINICAL PATH, Zelig, 20.03.2012

Clinical Path
Live @ Zelig

 (photos : Kit Brown, 2010)

 Mardi 20 mars
20h-00h
Espace de rencontre
Université de Lausanne

www.zelig.ch

soirée Lo-fi spoken music

Un étroit chemin sonore parsemé d’embûches lexicales…

VENEZ NOMBREUX 
(la bière est belge et pas chère, merci zelig, merci la bière belge)


jeudi 8 mars 2012

Pensées sur Cioran


Au-delà d’avoir été jeté dans le monde des vivants, donc du devenir-mort, Cioran a eu comme obsession cette inéluctable « chute dans le temps » de l’être dès sa venue au monde… L’écoulement fatal du rien au rien.
Attendre, contempler sa lassitude avec une incroyable lucidité septique ; l’inutilité existentielle et son flux vers la mort… pas de suicide possible car le malheur se situe avant la naissance… Horreur de la pensée, du savoir, des mots… ces dogmes humains imposant l’avant et l’après.
Il n’aspirait qu’au devenir-plante ou pierre… un soupir, un battement d’aile… un souffle  de l’éphémère dans cette sordide réalité… une respiration du néant… sortir des mots, de l’être, de l’Historie… ce n’était même plus devenir, mais advenir.

mardi 6 mars 2012

...idées fuyantes...


Quand l’horizon dévie,
la matière s’effondre…
les rues s’imbriquent dans les ruines,
de leur profondeur…

Tout ploie, tout plie, tout faiblit…
Amenuisement de la vision
dans laquelle brille l’apocalypse.

Fumée construite et émanation constituée…
Quand flanche le sujet représenté…

Ainsi, une idée s’enfuit
et flotte dans un espace
rétrécit par le visuel