One pic and a few quotes a day to go through this kaleidoscopic year in this fucked up world... A kaleidoscope of nothingness ; "DOPING FOR HOPE" !!!
Below some beautiful, magical souvenirs out of words but filled with words....
(pic by Kit Brown)
« Walter Benjamin disait que, de nos jours, la seule œuvre vraiment dotée de sens – de sens critique également – devrait être un collage de citations, de fragments, d’échecs d’autres œuvres. A ce collage, j’ai ajouté, au moment voulu, des phrases et des idées relativement miennes et je me suis peu à peu construit un monde autonome, paradoxalement très lié aux échos d’autres œuvres. »
Enrique Vila-Matas – Le mal de Montano
« Le poème dont je rêve n’a de défauts que quand je tente de l’écrire. »
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquilité
(checking the kaleidoscope out with Thurston Moore after his reading in Geneva, pic by Stan Of Persia)
« Can I bring back the words? Will thought of
transcription haze my mental open eye? »
Allen Ginsberg - « Transcription of Organ music »
“Yes, I said to myself, I too love everything that flows: rivers, sewers, lava, semen, blood, bile, words, sentences. I love the amniotic fluid when it spills out of the bag. I love the kidney with its painful gall stones, its gravel and what-not; I love the urine that pours out scalding and the clap that runs endlessly; I love the words of hysterics and the sentences that flow on like dysentery and mirror all the sick images of the soul; I love the great rivers like the Amazon and the Orinoco, where crazy men like Moravagine float on through dream and legend in an open boat and drown in the blind mouths of the river. I love everything that flows, even the menstrual flow that carries away the seed unfecund. I love scripts that flow, be they hieratic, esoteric, perverse, polymorph, or unilateral. I love everything that flows, everything that has time in it and becoming, that brings us back to the beginning where there is never end: the violence of the prophets, the obscenity that is ecstasy, the wisdom of the fanatic, the priest with his rubber litany, the foul words of the whore, the spittle that floats away in the gutter, the milk of the breast and the bitter honey that pours from the womb, all that is fluid, melting, dissolute and dissolvent, all the pus and dirt that in flowing is purified, that loses its sense of origin, that makes the great circuit toward death and dissolution. The great incestuous wish is to flow on, one with time, to merge the great image of the beyond with the here and now. A fatuous, suicidal wish that is constipated by words and paralyzed by thought”
Henry Miller - Tropic of Cancer
(Lydia Lunch and Weasel Walter @ Caves du Manoir, pic by Romain Courthlon)
"Religion used to be the opium of the masses. Now it’s the crack cocaine of assassins. Millions of addicts tripping on a celestial high. Throwing psychotic temper tantrums like little brats who forgot to take their Ritalin.”
Lydia Lunch – Will work for drugs
"Fascinated by the frequency with which the atmosphere would alter. Every few feet, consumed by a different texture, taste, smell. An urgency. The city itself a vampire, a massive sucking vortex. Another ghost in the machine. A whisper on the radar screen. An invisible star passing through a dead's man galaxy."
Lydia Lunch - Paradoxia
"C'est mon musée privé, aussi préhistorique qu'une peinture rupestre miniature... rempli du sol au plafond de chefs-d’œuvre que je crée à l'encre invisible, arrachés d'un coup d'ongle au canevas de ma chair."
Lydia Lunch - Déséquilibres synthétiques
« Je ne suis pas sûr d’être psychanalysable. »
Edouard Levé - « Autoportait »
(sound checking with Arabelle and The Gallows Birds in Martigny, pic by Kit Brown)
""Ah ! Si seulement on pouvait acquérir le savoir ! s'écria Valet. S'il y avait une doctrine, quelque chose à quoi l'on pût croire ! Tout se contredit, tout se dérobe, il n'y a de certitude nulle part. On peut tout interpréter dans un sens comme dans le sens opposé. On peut déceler dans l'ensemble de l'histoire universelle un développement et un progrès, mais aussi bien n'y voir que déchéance et absurdité. N'existe-t-il donc pas de vérité ? N'y a-t-il donc pas une doctrine qui soit authentique et valable ? ""
(...)
"La vérité existe, mon cher, mais la doctrine que tu réclames, l'enseignement absolu qui confère la sagesse parfaite et unique, cela n'existe pas. Il ne faut pas non plus avoir le moins du monde la nostalgie d'un enseignement parfait, mon ami ; c'est à te parfaire toi-même que tu dois tendre. La divinité est en toi, elle n'est pas dans les idées ni dans les livres. La vérité se vit, elle ne s'enseigne pas ex cathedra. Prépare-toi à des lutte, Joseph Vallet, je vois bien qu'elles ont déjà commencé."
(...)
"La vérité existe, mon cher, mais la doctrine que tu réclames, l'enseignement absolu qui confère la sagesse parfaite et unique, cela n'existe pas. Il ne faut pas non plus avoir le moins du monde la nostalgie d'un enseignement parfait, mon ami ; c'est à te parfaire toi-même que tu dois tendre. La divinité est en toi, elle n'est pas dans les idées ni dans les livres. La vérité se vit, elle ne s'enseigne pas ex cathedra. Prépare-toi à des lutte, Joseph Vallet, je vois bien qu'elles ont déjà commencé."
Hermann Hesse - "Le jeu des perles de verres »
"Mais c'est ainsi, Joseph, plus nous exigeons de nous, ou plus notre tâche du moment exige de nous, et plus nous avons besoin de cette source de vigueur qu'est la méditation, de cette réconciliation sans cesse renouvelée de l'esprit et de l'âme. (...) Les hommes vraiment grands de l'histoire universelle ou bien ont su méditer, ou bien ont trouvé sans s'en rendre compte la voie qui aboutit où nous mène la méditation. Les autres, même les plus doués et les plus vigoureux, ont fini par échouer et avoir le dessous, parce que leur tâche ou leurs rêves ambitieux se sont emparés d'eux et les ont possédés à tel point, en ont fait de tels possédés, qu'ils ont perdu leur aptitude à se détacher constamment de l'actualité et à la tenir à distance. »
Hermann Hesse - "Le jeu des perles de verres »
(Bab Digler @ Poésie en Ville, pic by Stan Of Persia)
"I'm a street walking cheetah
with a heart full of napalm
I'm a runaway son of the nuclear A-bomb
I am a world's forgotten boy
The one who searches and destroys »
I'm a runaway son of the nuclear A-bomb
I am a world's forgotten boy
The one who searches and destroys »
The Stooges - "Search n destroy »
"C'est-à-dire que je crois au rock mais que je ne crois pas au Rock, même si je ne l'écris pas toujours de la même façon, et que je crois à la Fête comme alternative enivrante à l'ennui et à l'amère indifférence de la vie en cette époque "Rien n'est vrai, tout est permis" tout comme elle a proposé une alternative sous forme de libération momentanée face à la répression et à l'absolutisme moral des années 50. La Fête est une réponse à la question de savoir comment gérer les loisirs dans une société qu'ils cannibalisent (…)"
Lester Bangs - "Psychotic Reactions »
(The KON's feat. Tony O'Neill @ Poésie en Ville, pic by Stan Of Persia)
"J'adore vomir de la bile car c'est vraiment aller au bout du machin."
"- Vous avez répété les mec ?
- non mais j'ai écouté une émission radio sur la pensée positive et je suis boosté à fond !"
"ça serait manquer de respect à notre groupe que de trop répéter."
Léon Jodry
"It was 6.30 am, another perfect fucking day had begun"
Tony O'Neill - "Digging the vein »
il y a également une phrase plutôt étonnante de Yannick Leeber sur le mémoire, le sirop grenadine, le surplus ou le manque d'alcool.... ce qui les rassemble et les éloigne... mais la juxtaposition exacte des mots m'échappe actuellement…
(Lydia Lunch and Weasel Walter @ Case à Chocs, pic by Kit Brown)
« Une curieuse bête apparaîtrait si chacune de mes émotions devenait l’animal qu’elle suscite. »
Jean Genet - Journal du voleur
« J’aime tout ce qui coule » » dit le grand Milton aveugle de notre temps. Je pensais à lui ce matin quand je me suis éveillé avec un grand cri sanglant de joie : je pensais à ses fleuves et à ses arbres et à tout ce monde de la nuit qu’il est en train d’explorer. Oui me disais-je, moi aussi j’aime tout ce qui coule : les fleuves, les égouts, la lave, le sperme, le sang, la bile, les mots, les phrases. J’aime le liquide amniotique quand la poche des eaux se crève, j’aime le rein avec ses calculs douloureux, sa gravelle et je ne sais quoi, j’aime l’urine qui jaillit brûlante, et j’aime la blennorragie, qui s’écoule indéfiniment ; j’aime les mots des hystériques : et les phrases qui coulent comme la dysenterie et reflètent toutes les images maladives de l’âme ; j’aime les grands fleuves comme l’Amazone et l’Orinoco où des hommes timbrés comme Moravagine vont flottant à travers rêve et légende sur un canot et se noient aux bouches aveugles du fleuve. J’aime tout ce qui coule, même le flux menstruel qui emporte les œufs non fécondés. J’aime les écritures qui coulent, qu’elles soient hiératiques, ésotériques, perverses, polymorphes ou unilatérales. J’aime tout ce qui coule, tout ce qui porte en soi le temps et le devenir, tout ce qui nous ramène au commencement où ne se trouve point de fin : la violence des prophètes, l’obscénité qui est extase, la sagesse des fanatiques, le prêtre avec sa litanie gommeuse, les mots ignobles de la putain, la salive qui s’écoule dans le ruisseau de la rue, le lait du sein et le miel amer qui coule de la matrice, tout ce qui est fluide, tout ce qui se fond, tout ce qui est dissous et dissolvant, tout le pus et la saleté qui en coulant se purifient, tout ce qui perd le sens de son origine, tout ce qui parcourt le grand circuit vers la mort et la dissolution. Le grand désir incestueux est de continuer à couler, ne faire qu’un avec le temps et fondre ensemble la grande image de l’au-delà avec « ici et maintenant ». Désir infatué, désir de suicide, constipé par les mots et par la pensée. »
Henry Miller – Tropique du Cancer
(Tony O'Neill and David Brühlart signing "La Vie Sauvage" @ l'ABC)
"The stranger walked Spanish across the bar, pausing at the door. Then with a final glance about the place he pushed it open and stepped out into the blazing afternoon. The sunlight momentarily threw the murky bar into sharp relief. Some winced and muttered, hiding their eyes behind cupped hands. The cowboy watched impassively as a giant water bug skittered across the bar and disappeared into a crack in the peeling wall. An old whore laughed as - just for a second - the john saw her as she truly was: old and tired, with pock-marked cheeks and smudged lipstick and grey eyes that had seen too much suffering to ever truly look beautiful again… both were relieved when the door swung back into place and Casanovas was once more cloaked in forgiving gloom. Behind the bar the old Indian slept on, snoring softly.
She was oblivious to light or dark…
completely adrift…
lost in dreams…
and lost in time."
She was oblivious to light or dark…
completely adrift…
lost in dreams…
and lost in time."
Tony O'Neill _ "La Vie sauvage »
"Chet marcha comme un condamné à mort à travers le bistrot, faisant une pause devant la porte. Il jeta un dernier coup d’œil autour de lui, l’ouvrit et se retrouva projeté dans la canicule de l’après-midi. La lumière du soleil faisait nettement ressortir l’obscurité du bar en contre-fond. Face à cet éclat lumineux, certains grimaçaient et marmonnaient, cachant leurs yeux derrières leurs mains. Le cowboy le regarda d’un air impassible, alors qu’un énorme cafard se déplaçait sur le bar avant de disparaître dans une fente à travers le mur désagrégé. Pendant un instant, une vieille pute s’esclaffa et le client la vit comme elle était vraiment : éprouvée et âgée, bouffie, des bavures de rouge à lèvres et des yeux gris ayant vus bien trop de souffrance pour redevenir à jamais vivants… Un soulagement les emplit quand la porte se referma, laissant le Casanovas dans son obscurité indulgente. Derrière le comptoir, la vieille indienne continuait de dormir, ronflant légèrement.
Indifférente à la lumière et à la noirceur…
totalement à la dérive…
errant dans les rêves…
errant dans le temps… "
Tony O'Neill - "La Vie Sauvage »
(Forks feat. Dejan @ Bad Bonn, pic by Stan Of Persia)
« On était tous aux anges, on savait tous qu’on laissait derrière nous le désordre et l’absurdité et qu’on remplissait notre noble et unique fonction dans l’espace et dans le temps, j’entends le mouvement. »
Jack Kerouac – "Sur la route"
« Car les proportions du temps et de l’être sont complètement dérangées par la multitude et l’intensité des sensations et des idées. »
Charles Baudelaire – Les paradis artificiels
« En sommes, l’Enfer est ce que vous en faites. »
Charles Bukowski – Pulp
(KON @ la Nef.. pic by Kit Brown)
« La mémoire rafraîchie, Johnny Rotten décolle. Il n’est encore ni Anarchie, ni Antéchrist, seulement un gosse qui fabrique une nouvelle culture avec de vieux accords. »
Greil Marcus – Lipstick Traces
« Or dans quelque culture que ce soit, le mode d’organisation de la relation au corps reflète le mode d’organisation de la relation aux choses et celui des relations sociales. »
Jean Baudrillard – La société de consommation
« La différence entre la vie et l’art est que l’art est plus supportable. »
Charles Bukowski – Journal d’un vieux dégueulasse
(Simon Huw Jones and Dejan @ Poésie en Ville, pic by Stan Of Persia)
"Tout m’était musique. Orgie colorée. Sève. Santé. J’étais heureux. Heureux. je percevais la vie profonde, la racine chatouilleuse des sens. Mon sein se gonflait. Je me croyais fort, tout-puissant. J’étais jaloux de la nature entière. Tout aurait dû céder à mon désir, obéir à mon caprice, se courber sous mon souffle. J’ordonnais aux arbres de s’envoler, aux fleurs de monter en l’air, aux prairies et au sous-sol de tourner, de se retourner sur eux-mêmes. »
Blaise Cendrars - Moravagine
« Tout devenait monstrueux dans cette solitude aquatique, dans cette profondeur sylvestre, la chaloupe, nos ustensiles, nos gestes, nos mets, ce fleuve, sans courant que nous remontions et qui allait s’élargissant, ces arbres barbus, ces taillis élastiques, ces fourrés secrets, ces frondaisons séculaires, les lianes, toutes ces herbes sans nom, cette sève débordante, ce soleil prisonnier comme une nymphe et qui tissait, tissait son cocon, cette buée de chaleur que nous remorquions, ces nuages en formation, ces vapeurs molles, cette route ondoyante, cet océan de feuilles, de coton, d’étoupe, de lichens, de mousses, ce grouillement d’étoiles, ce ciel de velours, cette lune coulait comme un sirop, nos avions feutrés, les remous, le silence.
Nous étions entourés de fougères arborescentes, de fleurs velues, de parfums charnus, d’humus glauque. Ecoulement. Devenir. Compénétration. Tumescence. Boursouflure d’un bourgeon, éclosion d’une feuille, écorce poisseuse, fruit baveux, racine qui suce, graine qui distille. Germination. Champignonnage. Phosphorescence. Pourriture. Vie.
Vie, vie, vie, vie, vie, vie, vie, vie. »
Blaise Cendrars - Moravagine
(kaleidoscope @ Les Docks, pic by Kit Brown)
"J’ai commencé par revoir plusieurs des lieux auxquels il arrive à ce récit de conduire ; je tenais, en effet, tout comme de quelques personnes et de quelques objets, à en donner une image photographique qui fût prise sous l’angle spécial dont je les avais considérés. »
André Breton – Nadja
« Le poème dont je rêve n’a de défauts que quand je tente de l’écrire. »
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquilité
« Je fais des paysages de ce que j’éprouve.
Je donne congé à mes sensations. »
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquilité
(Sylvia Pellegrino, Satinka and Pierre-Yves Diacon @ la Nef)
"(...) et je ne sache pas ce qu'un philosophe puisse souhaiter d'avantage que de devenir un bon danseur."
Nietzsche - "Le gai savoir »
"Un corps se fraye un chemin entre mots et images. Entre-deux, il trouve des voies de passage.»
Marc Le Bot – Images du corps