…Anton Newcombe…
« Let’s go fucking mental »
The Brian Jonestown Massacre
C’est un peu comme si l’histoire du rock avait été passé à travers la broyeuse de l’Histoire contemporaine. L’Histoire, comme les histoires sont des balises inusitées contribuant à construire l’illusion d’un temps linéaire, une hiérarchisation instantanée des souvenirs, de ce qui doit rester important, de ce qui doit être relaté, pleuré, glorifié … de ce qui doit perdurer… La mémoire individuelle comme la mémoire collective doit sélectionner aléatoirement des instants évaporés, doit les figer en temps défini. Les souvenirs remplissent le passé de totems rassurant pour combler le vide du futur.
Anton Newcombe fonde son groupe The Brian Jonestown Massacre sur les cendres chaudes d’une décennie absurde; les 80’s… la bi-polarité extrême du monde, la folie consumériste se mélange à une nouvelle révolte, à des échappatoires nouveaux. On commence à se dire que le néolibéralisme est une connerie plus absurde encore que la guerre contre la drogue, que la science et le progrès sont des croyances plus aveuglantes encore que les monothéismes, que l’hédonisme est réellement la dictature au sujet de laquelle Huxley nous avait avertis. Qu’est-ce que la mémoire d’Anton Newcombe va sélectionner dans ce passé à peine consumé, et au travers des décennies qui ont précédées ? La mort d’une idole et celles d’innocents, l’oscillation interconnectée entre le chaos individuel et un psycho-délire collectif mondialisé… des sons oubliés, d’autres générés par une modification auto-imposée du réel perçu…
Anton Newcombe est un post 80’s hippie… le Brian Jonestown Massacre est son utopie réalisée…
Théâtre : car la scène est le lieu ou le « je et l’autre » mutent en devenir multiples…
Hashischins (Club des) : dans les délires flottants de ces sons superposés, les effluves épaisses de l’absinthe et du hashish semblent enveloppé la musique du Brian Jonestown Massacre, révélant ainsi leurs secrets aux âmes mélancoliques, tourmentées et défoncées…
Eternel : car le théâtre hashischin est une éternité de peut-être…
Babylon (Panic in) : car le titre d’une chanson n’a jamais été si proche de la musique qu’il évoque… car quelque chose d’enfouis si profondément dans l’histoire n’a jamais été si proche du présent…
Rock : car Anton Newcombe est uns des derniers Rock n Roll Animals…
Ionique : la chimie et l’origine du monde… l’origine chimique du monde…
Anton : Newcombe
Newcombe : Anton
Joel (Gilion) : un écrivain argentin a écrit que " « Visions of Johanna » » est le trou noir de la carrière de Bob Dylan…" le tambourin est le trou noir du Brian Jonestown Massacre, c’est de là que tout émane… c’est là que tout disparaît… de là que tout se construit, se modifie, se disloque et s’évapore…
Opiacé : des sons oubliés, d’autres générés par une modification auto-imposée du réel perçu…
Nonchalance : car l’ataraxie est l’idéal de la sagesse… une lenteur nécessaire.
Entropie : ce que l’on crée… ce qu’il en reste…
Super-sonic : la première chanson qui m’a aspiré dans ce tourbillon psychotropique’..
Totem : des balises rassurantes pour combler le vide du futur…
Onirisme : les songes balloté par l’océan du passé…
West : une quête absurde, un idéal perdu, un désert rempli de néons.
Néant : comme dans un moment d’absence qui imite le néant…
Mantra : les lignes de guitares, le tambourin, le timbre vocal… la musique du Brian Jonestown Massacre est un mantra vibratoire arrachant le réel du corps…
Ayahuasca : il y a quelque chose de mexicain dans cette musique…
Silence : car il est le double opposé de la musique, son carburant nécessaire, son anti-matière… le point vide duquel tout émane…
Soft (Machine) : un cut-up musico-psychédélique… un up-cut mystico-éthéré…
America : …« An Air-conditioned nightmare »*….
Catharsis : car l’art est juste une façon différente d’échapper à l’enfer…
Roll : car Anton Newcombe est uns des derniers Rock n Roll Animals…
Enfumé : comme si on regardait la chaleur épaisse d’une fumée bleutée… dansant en silence… dessinant des cercles magiques autour des gens, des choses et dans l’espace.
* titre d'un livre de Henry Miller
Dejan Gacond, La Chaux-de-Fonds, le 25.08.2016
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