Rite de passage
« Le monde, en vérité, est une cérémonie »
Erving Goffman – La mise en scène de la vie quotidienne
Un soir d’été… il y a bien longtemps. Août 2006. Une éternité. Souvenirs imprécis. Mémoire diffuse. Pourtant une impression persiste. Elle s’esquisse entre les corps qu’elle enveloppe. Un nuage de fumée ondulant dans la foule, figeant dans son épaisseur fugace les songes des rites anciens… Tout autour ; des bruits, des gens, du mouvement… Les lumières scintillent comme les yeux des enfants, éclatent comme les rires des adultes… Dans mon souvenir, tout vacille… pourtant il y a cette histoire de rites anciens… pourtant il y a cette fumée… quand le son était un signe, quand la musique était communication, quand les histoires se transmettaient oralement… s’évader ensemble ; pour un instant !
Organisation spatiale réinventée, société éphémère, songe drolatique postmoderne… qu’en penses-tu Erving fucking Goffman ?... Les coulisses aussi sont dans la rue non ? Les acteurs doutent de la réalité du public… tu trouves pas Erving ? Tu dis que c’est l’inverse ? J’en sais rien man… mais ça me donne envie d’écrire tout ce merdier… Ecrire tu sais ? Pas penser ! Des mots qui suintent, qui sentent, qui bougent, qui suppurent, qui explosent, qui dérivent, qui se disloquent… des mots qui s’approchent de ce qu’ils désignent… Du putain de mouvement Erving… Regarde autour de nous… tout s’écoule, tout se disloque… on est juste du son… on presque de la musique… et les histoires ?... elles se transmettent à nouveau oralement !
Au final c’était l’histoire d’un rêve, c’était la nécessité d’une envie… un festival de théâtre de rue à La Chaux-de-Fonds…. Drôle d’idée, drôle d’envie, drôle de nécessité…. C’était une folie consciente ou une inconscience démente… et pourtant, en cette belle soirée d’août 2006, le festival célèbre sa 13ème édition… comme la note ultime, comme la combinaison moléculaire absolue…
Dejan Gacond le 05 août 2018
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