Il se souvient d’un fragment
supplémentaire écrit dans ses cahiers où il essayait comme souvent de se la
jouer intello, moralisateur, professoral. Il venait d’achever la lecture de L’image fantôme d’Hervé Guibert. Il
pensait avoir enfin compris quelque chose à la photographie, après les lectures
de Susan Sontag et Roland Barthes, de tous ces autres textes, essais, articles,
documents, récits, biographies de photographes etc… Du coup ; ce sentiment
de saisie, il fallait l’écrire, le restituer, le partager… Mais c’était un truc
nul, comme si cela n’a pas déjà été dit un million de fois au moins. Ce qui est
rigolo avec nous, c’est que l’on croit toujours posséder un truc unique, un ton
propre, une juxtaposition de mots, d’idées ou de pensées dont nous serions
dépositaires. Mais au fait, c’est que dalle ! Pourtant des sensations et des
rêves se répètent d’un endroit à l’autre, d’un corps à l’autre… ici ;
là-bas… partout ailleurs !
(photo : Kit Brown)
Du coup, la photographie, comme média,
comme façon d’appréhender le réel possède un truc universel. D’une part on peut
tous plus ou moins photographier quelque chose, quelqu’un… surtout de nos
jours… mais elles sont partout aussi les photos, comme des balises directionnelles.
Sans elles pas de mémoire, pas de conception identitaire de l’individu… mais
globalement il y a cette nécessité humaine, basique et primordiale des images,
de cette fixation plane, de cette projection du réel, de cette matérialisation
de l’inconscient, peu importe ! C’est l’anti-mouvement par excellence,
l’opposé évident du flux. Mais l’un ne vit pas sans l’autre et dès lors les
liaisons multiples entre le son, les mots et les images se ressent… il y a la
magie commune qui entoure les images et la musique, il y a ce qui les
rassemblent et ce qui les séparent, mais le chemin qui l’a mené à l’un a été
possible grâce à l’autre et inversement. D’ailleurs aurait-il aimé les Doors de
la même façon sans les photos de Jim ? Aurait-il compris le désespoir de
Kurt Cobain ou le génie d’Hendrix sans leur saisies imagées ? Horses de Patti Smith aurait-il eu le
même impact sans les photos de Mapplethorpe ? L’histoire photographique du
rock n roll devrait être un autre chapitre de ce bordel. Une analyse de l’impact
réel des photos dans la carrière d’une rock star… David Bowie par exemple, les
concepts de ses albums n’auraient pas été aussi intelligibles sans l’imagerie
les entourant… le Berlin de Lou Reed
non plus…
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