« Nous vivons dans un
temps trop excentrique pour s’étonner un instant de ce qui pourrait arriver. »
Lautréamont – Les chants du Maldoror
Iggy
Pop et Keith Richard auraient donc une réserve de sang suffisante pour leur
deux corps, ils fonctionneraient en circuit fermé. Uns des secrets les mieux
gardés de l’histoire du rock n roll !
La
fin des années soixante annonce la retombée du vent libertaire qui a soufflé
quelques instants. La mort lente des instincts et la sclérose sociétale à
venir. Ils ont eu peurs les salauds ! Plus jamais de rassemblements, plus
jamais d’élans communautaires qu’ils disaient ! Il s’agira de gérer
l’instabilité, il s’agira de capitaliser sur la contestation qui est née.
L’année
1968 va enclencher l’horreur des utopies détruites par l’inhumanité systémique
des gouvernements. Malgré Woodstock et la possibilité de changement que le
festival va insuffler, malgré la révolte globalisée d’une jeunesse qui voulait
autre chose, c’est dans un bain de sang que la liberté sera balayée par la
répression. Martin Luther King se fait assassiner, l’armée tue des milliers de
manifestants à Mexico-City et les menaces diverses des cafards métalliques en
uniforme font ressembler à un champ de bataille les manifestations étudiantes.
Ceux qui avaient cru en une société meilleure pouvaient se noyer dans
l’amertume de leurs larmes. Heureusement il y avait la baise et le LSD ! La
fuite devenue une nécessité c’est dans une débauche hallucinatoire et un éveil
des sens bienvenu que les années soixante vont se terminer. Mais comme une
tache de sang et un présage lugubre, une ombre maléfique plane autour des
Rolling Stones. La tuerie pendant leur concert au festival d’Altamont et la
mort de Brian Jones vont montrer au groupe le plus mythique du rock les dangers
qu’il engendre…
C’est
plus ou moins dans ce contexte-là que les vampires de la HELLVICE n’ Co ont décidé
de gérer l’élan dionysiaque que la musique et les idéaux ont fait naître. Alors
que meurent successivement Janis Joplin, Jimi Hendrix et Jim Morrisson, alors
que Syd Barrett s’est envolé et que l’héroïne a creusé d’indélébiles sillons
sur le visage céleste de Nico, les vampires mercantiles se frottent leurs mains
anguleuses. Quoi de mieux que la morts des saints pour créer une religion ? Ils
avaient été trop loin, ils étaient trop libres… les vampires s’en foutaient.
Les martyrs étaient morts, ils pouvaient faire du rock n roll une croyance, ils
pouvaient faire de chaque musicien un pasteur, de chaque fan un dévot !
Le
trépas des héros pouvait cimenter la mythologie nécessaire à la foi, les
vampires s’en réjouissaient, mais il leur fallait également penser à la
nécessaire pérennité de leur entreprise. C’est alors qu’une miraculeuse
silhouette reptilienne se distingue dans les fumées industrielles de Detroit. Un type dopé jusqu’à l’os qui gueule sans cesse :
I'm a street walking cheater with a hand full of napalm.
Il s’appelle Iggy Pop.
Les vampires réagissent directement voyant en lui l’incarnation des vieux mythes qui les enrichissent. Il fallait tenir ce mec-là en vie, faire de lui un symbole. Avec les Rolling Stones qui avaient décidé de continuer, le tour était joué !
I'm a street walking cheater with a hand full of napalm.
Il s’appelle Iggy Pop.
Les vampires réagissent directement voyant en lui l’incarnation des vieux mythes qui les enrichissent. Il fallait tenir ce mec-là en vie, faire de lui un symbole. Avec les Rolling Stones qui avaient décidé de continuer, le tour était joué !
Keith
Richard d’un côté de l’atlantique, Iggy Pop de l’autre… La HELLVICE n’ Co avait mis
en place son plan ! Des énormes quantités de sang ont été prélevées sur
des toxicomanes sains et conservées dans les meilleures conditions en attendant
que fléchissent les corps des nouveaux apôtres. Ce qui est arrivé à partir des
années 90. Mais grâce aux transfusions sanguines répétées et à un ingénieux
processus d’échange de sang entre les deux corps, Iggy et Keith se portent
plutôt bien, font des pubs pour des grandes marques et continuent de nourrir
les fantasmes les plus étranges. Cependant les corps mutent et la qualité du
sang se détériore au fil des passages à travers les deux organismes.
Depuis
la mort de William Burroughs en 1997 et grâce au génie du médecin qui lui
avait prélevé une grande quantité de sang avant la fin, la HELLVICE n’ Co a pu
développer le moyen révolutionnaire de faire vivre Iggy Pop et Keith Richard au
moins aussi longtemps que le capitalisme. Peut-être plus longtemps !
Peut-être ils pourraient les faire vivre mille ans…
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