(photo : Kit Brown, 2012)
…ce truc-là, c’était encore un mot, mais c’était déjà presque une image…
Autour, il n’y a rien… autour, il n’y a que le vide, l’idée qu’on s’en fait et notre acharnement à le remplir…
Parfois c’est encore des mots… des fois, c’est déjà des images…
(photo : Kit Brown, 2013)
Des corps; figés dans leur reproduction abstraite… les sons mécaniques se mélangent à la chimie sanguine… coagulant ; ensemble… s’exténuant séparément. Procession illusoire d’un temps déjà enfuit…
Les mots - sinistres photographies d’un réel inintelligible –
Les images – preuve accablante d’une réalité inachevée -
Un déplacement ondulatoire, comme un spectre sonore… comme si la musique, pour jouir de sa vacuité, devait s’entourer de ses contradictions figées…
Une superposition psychotique et duale de formes déjà mortes ; d’être encore à naître… quand les formes se disloquent, quand la représentation est inversée, quand les signes qui servent à faire sens du monde s’évaporent… Le monde d’avant le temps et la matière, la pensée et le langage malhabile, un monde instinctif où règne l’étrangeté bestiale des monstres de l’enfance, l’origine animale de la forme momentanément occupée. Un monde imprécatoire qui semble l’agiter. Il gémit, se tord, il se réveille en sursaut et se rendort. Son corps est tendu, agité, convulsif. Des peurs inconnues auparavant... Les zones indistinctes… l’ombre errante du vrai, ce château de carte sur lequel nous construisons nos convictions. Les zones indistinctes… il a peur de ses images. Ses images l’attirent. Il ne sait plus…
… c’était encore des mots… c’était déjà des images…
… mais face à l’image des mots et contre le mot image… il y a cette éloge bruyante au chaos qui s’échappe de la sono…
… le devenir morceau de musique du son…
(photos : Kit Brown, 2013)